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Afin d’améliorer la qualité de l’air, la Métropole européenne de Lille (MEL) a élaboré un projet de zone à faibles émissions (ZFE) qui prévoit notamment une restriction de la circulation pour certains véhicules à compter du 1er janvier 2025.

La MEL propose une restriction de la circulation pour les véhicules non classés et Crit’Air 4 et 5. Dans ce projet, il est précisé que : « des dérogations à caractère temporaire peuvent être délivrées, sur demande motivée des intéressés, pour une durée ne pouvant excéder trois ans, renouvelable (autant dire ad vitam aeternam), selon les modalités définies à l’article 9 du présent arrêté pour les véhicules suivants et les usages qui y sont attachés ».

Parmi ces dérogations sont listés :

  • Les « petits rouleurs », dans la limite de de 8 000 kilomètres par année, afin de permettre aux personnes utilisant peu leur véhicule de pouvoir continuer à se déplacer pour des raisons de nécessité ; Quelles seraient les nécessités et les contrôles associés au nombre de kilomètres parcouru ?
  • Aux conducteurs en possession d’une carte pass pass nominative support d’un titre de transport, abonnement mensuel ou abonnement annuel Ilévia ou d’un abonnement TER, afin d’encourager au rabattement. Cela veut-il dire que n’importe quelle conductrice/conducteur possédant une carte pass pass pourra bénéficier de cette dérogation ?

Ensuite, sur ces zones, il semble difficile d’établir un bilan très fiable des zones à faibles émissions déjà existantes. Il semble être de l’ordre d’une baisse des concentrations de dioxyde d’azote de 22% et de 7% pour les particules fines.

Le résultat est significatif pour le dioxyde d’azote mais relativement faible pour les particules fines au regard de l’importance du dispositif mis en place. Pour autant, la pollution liée aux particules fines semble être potentiellement une des pollutions les plus insidieuses pour la santé humaine. Et parmi ces particules, les plus dangereuses sont les plus petites et notamment les particules de taille inférieure au micromètre, c’est-à-dire les PM1, qui ne font l’objet d’aucune mesure réglementaire. Et c’est bien dommage alors que rien n’empêche cette évaluation.

Bien évidemment, le transport routier n’est pas seul responsable de la production de particules fines, l’habitat, les moyens de production etc ont leur part dans cette pollution. De ce point de vue, la solution d’une zone d’exclusion ne semble pas suffisante. D’ailleurs, quand bien même, elle serait plus restrictive, le résultat sera-t-il plus tangible d’autant que le classement Crit’air ne prend en compte que la motorisation du véhicule sans tenir compte par exemple de son poids et de son système de freinage ? 

Pour ce qui est de la motorisation, le meilleur résultat consisterait à n’utiliser que des motorisations électriques. Elle éliminerait les émissions de dioxyde de carbone localement et diminuerait significativement la production des particules fines. Disons-le tout de suite, le passage de toutes les motorisations au moteur électrique est physiquement impossible en l’état du parc automobile actuel. La seule solution pour diminuer significativement ces pollutions ne peut venir qu’avec une réduction rapide et drastique du trafic automobile. Malheureusement nous sommes loin d’avoir les équipements qui le permettent en raison de notre retard conséquent sur le développement d’infrastructures adaptées.

Nous saluons pour autant que ce soit le scénario 2 qui soit retenu. Mais nous regrettons qu’il n’y ait pas eu de scénario 3 : Le périmètre, celui de toute notre Métropole est trop large et ne permet pas de se concentrer sur les communes les plus impactées mais qui sont aussi celles qui disposent d’alternatives de mobilités. 

Nous sommes favorables à ce que le périmètre soit calé sur l’offre de transports trams, métros et BHNS (bus à haut niveau de service), ce qui est aussi un gage d’acceptation sociale.

Des propositions à ce sujet qui n’ont pas été à ce jour entendues: une aide supplémentaire au rétrofit sur les véhicules professionnels, une aide spécifique pour que les ménages les plus modestes et captifs de la voiture puissent changer de véhicule, une incitation financière au changement de mobilité, accélérer l’offre d’auto-partages, ainsi que la politique cyclable et les parkings relai.

Vous pouvez donner votre avis sur le scénario retenu par la MEL du 21 mai au 21 juillet 2024 au lien suivant : https://www.registre-numerique.fr/ppve-zfe-mel