• Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Non classé

Toutes et tous les maires, toutes et tous les concitoyen.ne.s souhaitent pas que la sécurité de leur territoire soit assurée de la meilleure des façons en y consacrant les moyens municipaux nécessaires. Pour autant, il est difficile de s’exprimer sur ce sujet sans revenir sur les rôles respectifs des polices nationale et municipale avec la question qui en découle : complémentarité ou substitution ?

Un premier constat, au fil du temps, est que les missions de la police municipale se rapprochent de celles de la police nationale. En effet, alors que les missions de la police municipale étaient naturellement tournées vers la proximité par leur connaissance du territoire et le dialogue avec les concitoyens, elles se dirigent de plus en plus vers des interventions de maintien de l’ordre.

Il y a probablement plusieurs raisons à cette tendance qui suit aussi celle de la politique nationale. Premièrement, la succession de pseudo-belligérants contre la criminalité qui n’ont eu de cesse que de diminuer les effectifs, tailler dans les budgets des forces de police, augmenter le coût de son administration tout en clamant haut et fort des formules comme “La police de proximité est là pour prévenir mais si elle est faite au détriment du travail d’investigation et d’interpellation, elle ne sert à rien…« . Sauf que, d’une part, opposer police de proximité et travail d’investigation n’a aucun sens et d’autre part, sans cette proximité, nous assistons à une nette dégradation des relations entre la police et nos concitoyens et concitoyennes.

En outre, composant avec une relative déliquescence des moyens de l’État, la tendance est forte de décharger le travail de la police nationale sur la police municipale. Nous assistons d’ailleurs à un chantage odieux d’un ministre de l’intérieur qui met en balance l’augmentation des forces de police nationale avec celle des moyens mis à disposition par les communes. Si une commune n’a pas les moyens de répondre à ce chantage, devra-t-elle se passer de moyens supplémentaires de l’Etat en générant une rupture de l’égalité des territoires ?

Pour ce qui est de La Madeleine, commune relativement riche à l’aide d’une pression fiscale comparativement assez importante conjuguée à l’apport des ventes de notre patrimoine immobilier, la question des moyens n’est pas principale.

En témoignent, les 115.000€ votés pendant le Conseil municipal (C.M.) du 15 décembre 2021, qui font suite aux 50.000€ déjà votés au C.M. du 16 décembre 2020 pour l’extension de la vidéosurveillance, entre autres dépenses. Cela sans compter le budget déjà consacré à la vidéosurveillance pendant les mandats précédents.

Ces dernières semaines, de nombreuses enquêtes d’investigations journalistiques ont mis en avant qu’il y a une surenchère par certains maires en France à installer et à financer de plus en plus de caméras en ville.

La vaste majorité des experts a conclu que ces caméras ne garantissait pas vraiment la délinquance. Dommage, parce qu’avec ce budget exponentiel on aurait pu financer autre chose, du social par exemple. Et pour celles et ceux convaincus d’un besoin de plus de sécurité en ville, alors il faudrait financer l’embauche d’agents de police municipale sur la voie publique, comme nous l’avons proposé lors des élections municipales en 2020 avec la proposition d’une police de proximité, une police de terrain plutôt que derrière des caméras. Nous avons appris que récemment la vidéo-verbalisation à La Madeleine a augmenté (probablement suite à l’attention de la presse sur le sujet), ce qui créera de plus en plus de la distance entre les agents et les verbalisés « virtuels ».

Nous terminons la réflexion avec les questionnements suivants : est-ce à notre commune de suppléer aux moyens de l’État notamment pour tenter d’assurer la sécurité partout et à toute heure et en armant notre police ?

Probablement pas, nous voudrions participer à faire de la police municipale, une police de proximité proche de nos concitoyennes et concitoyens, une police qui pourrait être un juste équilibre entre prévention – tâche relativement délaissée par la police nationale – et les interventions musclées ou les enquêtes judiciaires relevant de la police nationale, ce qui serait bien plus nécessaire.