Dans son objectif, la délibération proposant une aide municipale pour la conversion d’un véhicule au bioéthanol rouvre le débat sur le bioéthanol et quelques alternatives que nous avons proposées au Conseil municipal du 30 juin 2022.
Bien évidemment, on va encore nous seriner avec l’automobiliste qui n’a pas d’autre choix que prendre sa voiture individuelle pour ses trajets quotidiens et bien évidemment qu’il faut aider financièrement cet automobiliste afin qu’il puisse « survivre » à l’augmentation du coût de l’énergie.
Sauf que cette augmentation était très prévisible et que rien ou presque n’a été entrepris dans notre agglomération pour faire en sorte que nos concitoyens puissent avoir des alternatives à l’utilisation de la voiture individuelle. Pourtant, ce n’est pas le premier coup de butoir, en 2008 le coût du baril avait déjà franchi les 120$ et ce pic avait toutes les chances d’être dépassé à plus ou moins long terme, et cela sans compter les coûts environnementaux assez terrifiants liés à l’utilisation des énergies fossiles. Pourtant, nous en sommes toujours aujourd’hui à des mesurettes qui ne consistent qu’à coller un sparadrap sur une jambe de bois. D’ailleurs, la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 visée dans cette délibération ne dit pas autre chose en proposant de promouvoir les alternatives à l’usage individuel de la voiture.
Le groupe “Agir pour l’Avenir” avait proposé un remboursement total ou partiel pour certaines catégories de la population madeleinoise d’un abonnement au service d’autopartage, par exemple Citiz . Malheureusement, la majorité municipale a préféré une autre solution.
Citiz est un acteur local et coopératif, dont la MEL est sociétaire en tant que membre fondateur, et qui compte aujourd’hui environ 4.500 abonnés sur la métropole et qui affiche un taux de croissance très encourageant pour l’année 2021 (+16%) malgré les défis que la pandémie a posé sur le réseau Citiz, qui s’engage à respecter les paramètres d’émissions de CO2 imposés par les administrations locales, dans un territoire qui manque cruellement de bornes de recharges pour véhicules électriques avec utilisation d’électricité de provenance d’énergies renouvelable.
La délibération avance deux arguments pour justifier la dépense publique : la réduction des pollutions et la limitation de l’inflation du prix des carburants. Ils reprennent par ailleurs ceux du site bioethanolcarburant.com qui est lui-même est soutenu par les planteurs de betteraves et producteurs de bioéthanol. Nous sommes dans un pays qui croule sous le poids des lobbies et où l’intérêt individuel prime trop souvent sur l’intérêt collectif.
L’étude pour justifier la réduction de la pollution avec l’utilisation de l’éthanol est toujours celle du Pr. Czerwinski de 2017 qui est citée presque partout mais semble introuvable. Un doute s’installe sur le lieu de publication : dans un journal à comité de lecture ?
Par ailleurs, ce même professeur est bien plus nuancé sur ces conclusions dans d’autres publications et bien d’autres études, publiées dans des journaux à comité de lecture, montrent que si certains polluants diminuent avec l’utilisation du bioéthanol (benzène et butadiène) d’autres augmentent (formaldéhyde et l’acétaldéhyde) sans compter que l’utilisation intensive d’engrais chimiques, pesticides vient aggraver le bilan en termes de pollution.
Sur le coût, ce carburant est moins onéreux à la pompe que l’essence ou le diésel pour la simple raison qu’il est largement subventionné, ce qui a aussi comme conséquence de mettre à mal l’équilibre des comptes publics. De plus, il introduit une grande pression sur la culture vivrière à un moment où le monde a faim et alors que notre pays est loin d’atteindre l’autonomie alimentaire. Faudra-t-il un jour choisir entre remplir notre réservoir ou remplir notre estomac ?
Le groupe “Agir pour l’Avenir” continuera à proposer des alternatives à la voiture individuelle pour toutes et tous les habitants de la ville de La Madeleine qui se retrouvent surtout en cette période de forte crise à devoir galérer avec un transport public métropolitain de moins en moins fait pour satisfaire les besoins des habitantes et habitants.